Nous sommes arrivés hier soir à San Carlos de Bariloche (Argentine) après un voyage de 2 jours et 2000 km en car sur la Ruta 40, la Carretera Australe (ce qui explique notre silence). Pour les latino-américains, cette route est aussi mythique que l'est la Route 66 pour les nord-américains. Partant d'El Calafate, elle remonte l'Amérique du sud parallèlement à la Cordillère des Andes avec, pour la partie que nous avons empruntée, une belle vue sur le Fitz Roy, haut sommet sur la frontière chilo-argentine. C'est une piste souvent rectiligne de cailloux et de poussière qui traverse la pampa argentine, région aride et désertique où la végétation très basse constituée uniquement de buissons n'offre aucun obstacle à la vue. On y croise par endroit de petits troupeaux de moutons ou de vaches, des groupes de chevaux sauvages ou de guanacos ainsi que des nandous de Darwin, sortes de petites autruches que les anglophones appellent road runners et qui se mettent à courir devant le bus, sans doute pour mériter leur nom (il n'y aura pas de photo car ils sont trop rapides pour nous). Parfois un aigle posé sur le bord de la route nous regarde passer. Un vent violent balaye la pampa et le ciel à l'abri de la Cordillère est d'un bleu sans tâche. Durant le trajet, nous avons du croiser un véhicule toutes les 2 heures ce qui donne lieu à chaque fois à de grandes démonstrations sous forme d'appel de phares, d'avertisseur sonore et de signes de la main. Comme nous étions assis juste derrière le chauffeur, nous avons pu observer une technique de conduite hors norme : la tasse à "mate" dans une main et le téléphone portable dans l'autre.
Auparavant, notre dernière étape en Patagonie a été El Calafate dans la région des glaciers. Là, ce fut un régal pour les yeux. Nous nous étions extasiés sur ceux de Nouvelle Zélande car c'étaient les premiers que nous voyions, mais les glaciers de Patagonie sont sans doute les plus beaux du monde. A part peut être en Antarctique ou au Groenland, nous ne voyons pas où l'on peut trouver mieux (si quelqu'un a une idée, donnez nous l'adresse, on y court) :
- Le glacier Perito Moreno : le plus beau.
- Le glacier Upsala : le plus grand.
- Le glacier Spegazzini : le plus haut.
Nous y sommes allés en bus puis en bateau sur le superbe Lago Argentino, passant à quelques mètres d'impressionnants icebergs, certains plus hauts que notre petite maison de Scaër. Les couleurs, nous n'en dirons pas plus, les photos parleront d'elles mêmes, et nous avons déjà longuement décrit précédemment les "bleus" du glacier Pie XI.
Avant de quitter la terre de feu et Ushuaia, nous avions visité l'ancien bagne et le musée qui retrace l'histoire des quatre peuples aborigenes qui y vivaient. Ils en furent chassés par les grands propriétaires terriens, éleveurs de moutons, ou décimés de façon dramatique par l'arrivée de la civilisation moderne. Le déclin des Yamanas notamment, fut incroyablement rapide. Ils furent réduits de moitié tous les 2 ou 3 ans sur une période de 20 années. Les missionnaires et autres colons avaient modifié profondément leur mode de vie, leurs coutumes et sans le vouloir ont haté leur disparition. Avant leur arrivée les Yamanas vivaient nus, le corps enduit de graisse de baleine ou de lion de mer pour se protéger du froid. Lorsqu'ils étaient mouillés, ils se groupaient autour du feu et étaient vite secs. Quand les colons les obligèrent à se vêtir, ils se sont retrouvés avec des vêtements toujours humides, difficiles à sêcher sous ces latitudes et tombèrent malades. Vivant nus, ils étaient naturellement propres, lavés par la pluie. Non accoutumés à porter des vêtements, ils se retrouvèrent dans des conditions d'hygiène déplorables. Les maladies les décimèrent très vite (tuberculose, pneumonie...). Des 4 peuples qui vivaient en Terre de feu, il ne reste aucun survivant.
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