mardi 15 mai 2007

Condors et gastronomie






8 heures du matin. Il fait froid. Nous voici postés en haut du cañon de Colca, le plus haut du monde. Nous attendons les condors. De temps en temps, l'un d'entre eux tourne tout en bas, comme en éclaireur. Mais le soleiln'ayant pas encore suffisamment réchauffé l'air, ils ne peuvent pas s'envoler. Ils ont besoin de courants chauds ascendants. Un quart d'heure plus tard, le premier apparaît suivi par d'autres à intervalles réguliers. Ils sont majestueux, planant au dessus de nos têtes, si près qu'on a tendance à baisser la tête. Ils semblent nous narguer, se laissant admirer, puis s'éloignent.Deux d'entre eux se sont posés sur un rocher, à 10 mètres à peine des visiteurs. De temps en temps passe un aigle, ridiculement petit à côté des condors. A 9 heures 45, nous levons le camp, la boîte pleine de photos prises en rafales. Quel spectacle !


Gault et Millau, le retour.


Nous nous étions gastronomiquement quittés au départ de la Nouvelle Zelande. L'arrivée en Polynésie nous fait changer de registre culinaire. D'abord parce que ce peuple résolument tourné vers la mer, en utilise toutes les ressources dans ce domaine : en 4 semaines passées en Polynésie, nous avons mangé une seule fois du poulet. Ensuite parce que la culture gastronomique de ce territoire se situe au confluent de deux influences : la polynésienne et la française. Le résultat dépasse toutes les espérances : mahi-mahi, thon, saumon des dieux, poisson perroquet, baliste, langouste, écrevisses et bien d'autres espèces encore, la plupart du temps grillées et accommodées avec des sauces qui laissent place à une créativité plongeant ses racines dans les deux cultures : sauce au miel, à la vanille, au beurre, au citron vert, au lait de coco, à la fleur de safran....

Le plat typique, le poisson à la tahitienne mérite plusieurs détours. A partir d'une base classique : du poisson cru (en général du thon) mariné 5 minutes dans du jus de citron vert, mélangé avec concombre, poivron, tomate, oignon puis arrosé de lait de coco, les polynésiens imaginent mille façons de personnaliser leur plat, utilisant à l'infini toute la gamme des épices à leur disposition (cannelle, gingembre, piment doux....)

Les fruits ici reflètent la couleur des îles, inondés de soleil, gorgés de sucre. Nous nous sommes rassasiés d'ananas, papayes, bananes et de toute la gamme des agrumes.

Passons sur la bière locale (Inano) qui à elle seule ne vaut pas un si long voyage. Tous les crus français sont de toute façon présents dans les rayons et sur les cartes et s'accommodent parfaitement avec la cuisine locale (beaucoup moins avec notre compte en banque car les prix sont là encore "polynésiens").


Un saut de quelques milliers de kilomètres et nous voici en Amérique latine.

La région mérite bien son nom car les influences culinaires espagnoles, italiennes et françaises demeurent flagrantes (dans une moindre mesure dans les pays de l'altiplano qu'en Argentine et au Chili) ; chaque pays utilisant bien sur ses ressources locales : le colin du Chili, l'agneau de Patagonie (encore supérieur à celui de Nouvelle Zelande), la quinoa et les multiples espèces de pommes de terre du Pérou et de Bolivie, la truite du lac Titicaca (les restaurants présentent plus de 15 manières d'accommoder ce poisson).

Influence européenne ? Deux exemples.

Le pain : au froment, au seigle, complet ("pan intégral"), au sésame.... La pâte est travaillée, levée à la cuisson, enrobée d'une croûte dorée et croustillante.

La charcuterie ensuite. Le Chili et l'Argentine ont conservé en cette matière le savoir faire de leurs origines européennes : saucisses, saucisson, jambon y sont excellents. Quant au boudin, les élèves ont dépassé les maîtres.

Le point faible de la gastronomie locale reste, encore et toujours, le fromage. A l'exception d'un roquefort (à base de lait de vache) et manquant de personnalité en Argentine et au Chili et d'un fromage artisanal vendu par les péruviennes et les boliviennes aux arrêts de bus, nous n'avons rien trouvé de consommable en Amérique latine. Mais où sait-on vraiment faire du fromage, à part dans notre pays (et à la marge en Italie) ? (Cocorico)

Parmi les plats typiques citons :

- La parillada : servie pour au minimum deux personnes, c'est un assortiment de saucisses, boudins, viande de porc, de poulet, de boeuf et d'agneau grillés à la braise et accompagnée de petites pommes de terre rissolées et parfumées au jus de la viande. Incontournable.

- La morue et le colin au roquefort : une découverte, un expérience gustative à renouveler.

- La langue de boeuf au chocolat et au piment : intéressant mais pas inoubliable.

- Les tamales, des feuilles de mais fourrées aux légumes (parfois à la viande) : pour calmer une petite faim de midi sur un mode exotique.

- Les steaks de llama et d'alpaca. Réputée sans cholestérol, cette viande qui s'apparente de loin à celle du veau nous a relativement déçus par son manque de saveur. Sans doute cela tient-il en partie au mode de cuisson.

Comment procéder pour ne pas se faire servir une viande calcinée ? Si vous avez la réponse dîtes le nous. Nous avons tout essayé : "vuelta y vuelta", "con sangre", "diez secundos cada lado", "al inglese" (le vocabulaire gastronomique est parfois paradoxal). Un seul restaurant a su nous servir une pièce de boeuf "bleue" : la Taverne à Sucre (mais c'est une annexe de l'Alliance Française). Reste bien sur la solution adoptée par Michel lorsque nous étions au Mexique : aller en cuisine et cuire soi-même son steak !!!!!

- Gardons pour la bonne bouche (si l'on peut dire) la spécialité très appréciée au Pérou, le cochon d'Inde. Nous avons goûté. Enfin ! L’un de nous deux, l'autre n'ayant pas pu vaincre certaines résistances psychologiques (devinez qui ?). Fendu en deux dans le sens de la longueur, grillé au feu de bois et présenté avec la tête et la queue, le cochon d'Inde ("cui" en espagnol) représente une expérience culinaire inédite. La chair est tendre, veloutée, presque doucereuse mais malheureusement rare autour des os.

¿ Y para beber ? Commençons par un "pisco sour" bien sûr. Un apéritif local à base d'alcool de raisin (dont le Pérou et le Chili se disputent l'origine) mélangé à du citron vert, du sucre de canne, du blanc d'oeuf battu en neige et une pointe de cannelle. Mais l'assemblage est délicat : l'un des composants se trouve-t-il en excès, et l'équilibre est rompu.

Parlons enfin des vins. Sans polémiquer. Et disons le nettement : depuis deux mois et demi en Amérique latine, jamais on ne nous a servi une horrible piquette. Une fois peut-être un vin trop jeune. Mais comme nous avons manqué le beaujolais nouveau ! D'une manière générale, les vins sont simples, francs (il n'y a pas d'assemblage de cépages), ronds et amples avec un nez assez prononcé mais très bref en bouche. Ils sont aussi très lourds car ils vont chercher leurs qualités dans un titrage excessif pour nos palais européens : rien ou presque au dessous de 14° en Argentine et au Chili, un peu moins toutefois au Pérou et en Bolivie (eh oui ! on produit du vin à 3000 m d'altitude). A Ushuaia nous avons bu un cabernet rouge qui titrait 14,8°.


Nous ne rapporterons pas de bouteilles (trop lourd dans les bagages), mais nous reviendrons avec des recettes. Nous vous attendons à Scaër pour les goûter.

12 commentaires:

  1. AMBOU Michèle16 mai 2007 à 07:25

    Sympathique petit intermède culinaire. Moi, en plus des bonnes recettes, je veux goûter au pisco sour ! Qu'en pensent les autres bloggers ?

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  2. oh oui oui oui oui oui ! Pisco fond, faudra trinquer à leur santé, trinquons au pisco (bon, j'imagine, que ça ne faire rire que moi...) Pour la peine, j'vais me taper un p'ti lambig. Allez Yech'ed mad !!

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  3. la petite soeur16 mai 2007 à 15:34

    alors là, vraiment, "el condor passa". Désolée pour le cliché, mais quand j'ai vu les photos j'y ai tout de suite pensé. Décidément au travers de vos récits depuis l'Amérique latine, ça réveille vraiment quelque chose en moi. Est-ce ... (je laisse Richard compléter il le fera bien mieux que moi) de ma jeunesse ?

    En tous cas je réponds à mon quizz perso : c'est Danielle qui n'a pas pu manger du cochon d'Inde et c'est Richard qui a écrit sur la gastronomie ( au fait sur le vin : tu as recopié ce qui était sur l'étiquette ?).

    Un scoop tout frais de ce soir sur Pinuche : IL A INTERNET, mais oui vous ne rêvez pas. Enfin ce sont plutôt les filles qui ont internet. Bien qu'il consulte flashmail, il a encore des doutes sur l'utilité d'un tel engin.
    Avis à tous les bloggeurs, voici son adresse mail : jean_jacques.pinard@club-internet.fr. Ecrivez-lui, ça prouvera à une vieille baderne de 50 et X années (comme il est coquet je ne dis pas son âge)que l'informatique dans le domaine privé ce n'est pas seulement un gadget.
    Pour info il est parti ce soir avec le club plongée du CSMB sur une île au large de je ne sais plus quelle ville de la côte méditerrannéenne. Comme il annonce un vent fort, je pense qu'ils vont plutôt vider tous les cubis de planteur que j'ai vus sur le trottoir (bonjour les sportifs!).

    En tous cas le passage sur le fromage rassure. Il y a au moins un domaine où on est bons (Allons enfants...). Au fait à propos de la Marseillaise, on y a eu droit 2 fois cet après-midi avec l'intronisation de Sarkozy. Je passe sur la traditionnelle remontée des champs Elysées, tombeau du soldat inconnu, serrage de mains à la foule (on ne peut pas parler de "bain de foule" tellement il est mal à l'aise dans l'exercice. Ah Chichi c'était quand même autre chose). Là où il fait fort c'est le passage à la cascade du bois de Boulogne où furent assassinés de jeunes résistants avec allocution de Max Gallo, lecture par une jeune lycéenne de la lettre de Guy Moquet (il s'est discrétement essuyé les yeux), annonce qu'il demandera au ministre de l'Education que cette lettre soit lue aux élèves à chaque rentrée, chant des partisans et pour finir allocution sur la fierté d'appartenir à la France (pas celle qui se lève tôt, mais celle qui se bat). Ouais, vraiment il est fort. Là on comprend qu'il soit parvenu à faire croire qu'il était l'homme de la rupture.

    Peut-être n'avez-vous pas les détails sur la suite des élections. FILLON sera 1er ministre. JUPPE second du gouvernement avec un super ministère (il y aura le développement durable dedans, merci Nicolas HULOT) et Kouchner (oui vous avez bien lu) aux affaires étrangères. D'accord ce dernier a fait la campagne avec ROYALE, mais le soir du second tour, il saluait déjà le discours de Sarkozy sur l'international. Certains autour de moi disent qu'il ne pourra pas tenir. Je ne le pense pas, il est en osmose avec Sarko sur ces questions (rappelons-nous qu'il est pour le droit d'ingérence). J'attends la photo de famille Bush-Sarko-Kouchner. Décidément, à gauche du PS on est peut-être (parfois/toujours, rayez la mention inutile) sectaire, mais on ne se renie pas, du moins aussi vite (Richard tu me corriges si j'ai la mémoire courte).
    Ah au fait, savez-vous qu'après un dîner au Fouquet's entre proches le soir de l'élection il a fait "retraite" sur le yacht du milliardaire BOLLORE avant d'affronter sa lourde tache ? J'espère que la France qui se lève tôt et qui se prépare à travailler + pour gagner + a apprécié.

    Bon allez pour faire passer la pillule je boirai demain midi (c'est encore un jour de congé) un bon vin, je mangerai du fois gras et un excellent fromage.

    bises aux voyageurs et aux bloggeurs

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  4. C'est bien dommage ce jour le 18/05/2007 nous pensons partir à Chouy peut être un peu tard pour acheter un cohon d'Inde j'aurais bien essayé le recette. Bref je rattaperai avec un bon fromage et du vin leger. Il faut prendre des forces avant de tondre.
    A+ Serge

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  5. Julie Olive et Zoé19 mai 2007 à 09:03

    Et bien moi aujourd'hui, 19 mai, je te souhaite un TRES BON ANNIVERSAIRE ma maman chérie. Et Zoé a dit qu'elle allait "conduire l'avion pour aller à ta fête de ton anniversaire" et comme cadeau elle a prévu de t'offrir "une grande luge parce que tu es grande et elle une petite luge parce qu'elle est petite et que demain quand elle sera grande tu lui prêteras ta grande luge" On te souhaite un bon anniversaire
    Bisou. Bonne glisse

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  6. Catherine et José20 mai 2007 à 02:31

    Comme par hasard, c'est un peu avant midi que je lis votre journal de bord et moi qui avais re-re-re-....décidé de faire régime, j'ai l'eau à la bouche !
    Danielle, nous parlions pas plus tard qu'hier de tes gerbilles à l'école. est-ce en leurs souvenirs que tu n'as pas pu manger du cochon d'inde ? Car je pense bien que c'est toi ... je crois Richard prêt à tout culinairement : il est trop curieux et trop gourmand !
    J'ai cru comprendre que c'était le moment de chanter une petite chanson alors allons-y :
    Joyeux anniversaire, Danielle, joyeux anniversaire Danielle....
    Moi aussi, je veux gouter au pisco depuis que j'en entends parler...
    gros bisous à tout les deux.

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  7. AMBOU Michèle20 mai 2007 à 13:46

    Un très très joyeux anniversaire Danielle, dommage que tu ne sois pas là que l'on te fasse la bise (bon d'accord, tu préfères être là où tu es???) En attendant, nous avons fait ripaille, comme d'habitude, à Chouy, eh oui, les Ambou bis y étaient aussi malgré un coup de fil tardif de Serge demandant si nous étions libres pour y aller, mais vous nous connaissez, pas besoin de nous demander 2 fois de faire la fête : bon vin, beau gigot d'agneau tikka préparé par Patrick, bonne baguette et bon fromage : tout y était, nà ! (un peu à nous de vous faire baver, non mais ...) Au fait, merci aux proprios pour le prêt (forcé) de la maison. Sur un autre sujet, je ne sais pas si c'est mon PC qui cafouille mais je n'arrive pas à ouvrir les dernières images, dommage, Christiane a l'air de dire qu'elles sont belles. J'espère que ce bug va se rétablir. En attendant, encore un très joyeux anniversaire à Danielle et bonne continuation.
    Bises les amis.
    Michèle, Patrick et Thomas.

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  8. coucou aux retraités eureux,
    ça fait longtemps que je ne vous ai pas fait un coucou, internet cez moi il faut pédaler et au boulot c'est pas toujours facile. et les jacob n'ont plus d'antivirus !!! j'avais bien lu votre questionnaire qui m'avait fait beaucoup rire.
    sinon ça y est la maison a commencé mardi dernier. c'est pas trop tôt, vous pourrez venir nous rendre visite l'été prochain. je sais que le jura sera moins exotique que ce que vous vivez actuellement, mais le vin y est aussi très bon. sinon rien de neuf, la fin d'année approche et vive les vacances !!!
    bises à vous deux de la part aussi de françois et les retraités jurassiens qui eux après la martinique en janvier partent la semaine prochaine au maroc, ça énerve !!!
    sonia

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  9. 21/05/2007
    Chouy sous la pluie, l'herbe n'a pas été tondue, la grange a perdu un fond du mur. Jessica a fait la guerre aux poussières mais à notre prochain retour la poussière aura pris le dessus.
    Salut à +

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  10. Message à tous : pour les photos, j'ai vu. J'essaie de remédier au problème. C'est je pense une mauvaise manip de ma part due au fait que mes albums photos et le blog de mes parents sont tous les 2 chez Google, sous le mm compte. Donc les modifs de l'un font les modifs de l'autre. J'ai bien l'impression qu'il va falloir que me retape tous les messages à republier en remettant les photos !!! aaaaaaaaaaaaaaarglllll ! google, des fois je te deteste !!!!!!!! je vais te faire la peau !!!!!!!!!!!

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  11. Avec un peu de retard TRES BON ANNIVERSAIRE Danièle et gros bisous.
    Pauvre Julie après tout le travail qu'elle a fourni, il va falloir qu'elle recommence, Google tu nous prends la tête, pourquoi ne pas faire simple?????? Enfin on est quand même rassurés, çà ne vient pas de nos ordinateurs.
    Les condors étaient majestueux, quel magnifique souvenir vous allez en garder.
    A bientôt

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  12. AMBOU Michèle22 mai 2007 à 05:01

    Dîtes,les Morel, le Pérou est-il si perdu que ça qu'il n'y ait pas de cybercafé ? Ou alors vous avez décidé de nous faire mariner sans nouvelles depuis le 15 mai ?
    J'espère que tout va bien.
    Désolée Julie pour tout ce que tu vas avoir à refaire mais en tous cas merci beaucoup pour la qualité du blog !!
    Serge, pourquoi tu leur a dit que nous avons eu mauvais temps, comment tu veux les faire bisquer après ça ?
    Bisous à tous.
    Michèle.

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