vendredi 25 mai 2007

Machu Picchu





Une oeuvre d'art n'existe pas en-soi et pour-soi. Elle n'accède à ce statut que par la relation qu'elle est en capacité d'établir avec ceux qui la perçoivent. L’œuvre d'art n'existe qu'au travers du dialogue que nous établissons avec elle, à partir de ce que nous construisons avec et autour d'elle. D'où l'importance de son rapport au réel, au symbolique et à l'imaginaire (individuel et collectif).
"La jeune fille à la perle" de Vermeer se retourne et là tout devient possible : quelle est la cause de ce mouvement furtif ? qu'observe-t-elle ? vers qui se porte son regard que renforce l'éclat de la perle ? vers vous ? vers moi ? .....
Certains sites, certains lieux peuvent devenir des oeuvres d'art : le Taj Mahal édifié pour sublimer l'amour porté à une femme disparue ; Borobudur qu'un peuple construisit pour déifier l'homme qui illuminait son époque..... Bâtis dans la sueur et le sang de milliers d'esclaves, de travailleurs et d'artisans ces lieux ont maintenant dépassé l'intention originelle de leurs créateurs. Ils sont porteurs de sens en fonction de notre propre regard et de celui de notre époque. "J'ai pleuré devant le Taj Mahal" nous dit une jeune française rencontrée sur les routes de Bolivie.



Machu Picchu est de ceux-là, cité construite par la volonté d'une caste autocratique pour magnifier son pouvoir. Cent vingt années furent nécessaires pour l'édifier. Habitée un peu plus de cinq années, elle est alors abandonnée par cette caste qui fuit devant une poignée de conquérants espagnols. Ceux-ci ne trouveront jamais la cité. Elle restera abandonnée durant près de quatre siècles. C'est là que l’œuvre naît. Par les interrogations qu'elle suscite, par ce quelle laisse imaginer, ce qu'elle symbolise.
Cité perdue, isolée aux confins d'une vallée sacrée, invisible, accrochée à la cime d'une hauteur presque inaccessible, Machu Picchu domine un cañon abrupt de plus de 400 mètres de profondeur, entourée de pics plus impressionnants encore. Il fallait être près du soleil, près des étoiles. Parce que cette société fondamentalement rurale avait un besoin impérieux de comprendre et de maîtriser les mouvements des saisons, les aléas du climat.... mais également parce que l'Inca et la caste aristocratique, par leur identification au soleil affirmaient la légitimité de leur pouvoir. Machu Picchu incarne cette idée.
Il est 6 h. 30. Le soleil se lève sur Machu Picchu, surmontant les sommets alentours. La brume qui dans un dernier effort encercle le site va se dissiper. Et la cité apparaît, encore déserte : les demeures de la noblesse, le cadran solaire, le temple du soleil aux immenses pierres ajustées au millimètre. Ici, la pierre sacrificielle où tant de lamas furent immolés, leurs cœurs offerts au ciel pour hâter la venue de la pluie. En contrebas des centaines de terrasses édifiées à flanc de montagne pour soutenir les murs de la ville et permettre la culture du maïs, de la pomme de terre, du manioc, de la quinoa. Un dédale de ruelles étroites, de portails de pierres, chacun s'ouvrant sur de nouveaux édifices : une fontaine, un miroir naturelle....Machu Picchu, cité orgueilleuse, symbole de la puissance qui se pensait indestructible de l'état inca mais qui va être laissée à l'abandon en quelques heures, tomber dans l'oubli pour plusieurs siècles et qui aujourd'hui nous incite à faire revivre ses murs

2 commentaires:

  1. AMBOU Michèle1 juin 2007 à 01:54

    Merci les amis, mille mercis pour ces très belles photos et ce magnifique texte sur Machu Pichu. J'ai hâte d'en voir plus à votre retour et de vous entendre nous en dire plus, surtout ne vous sauvez pas à Scaer avant d'avoir fait un passage par Limeil sinon je meurs d'impatience.
    Bises à vous deux et bonne continuation.
    Michèle.

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  2. Tout ceci est extraordinaire, merci pour ces photos grandioses
    Bises

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